Henry William Bayly – car tel est son nom à l’origine – est né en 1768 dans une famille londonienne sans lustre ni richesse particulière. Un an plus tard, son père hérita d’une petite baronnie et changea son nom en « Paget ». Alors qu’il avait douze ans, un héritage permit à lord Paget de placer son fils dans les meilleures écoles. Henry fréquenta la Westminster School puis le collège Christ Church à Oxford. En 1790, à l’âge de 22 ans, il fit son entrée aux Communes où il occupa le siège de Carnarvon puis celui de Milborne Port jusqu’en 1810.
C’est en 1793 qu’il entama sa carrière militaire quand son père lui offrit le 80e régiment de volontaires du Staffordshire, à la tête duquel il combattit en Flandre (1794). En 1799, il revint dans les Flandres mais, cette fois, commandant du 7e Light Dragoons.
Il s’acquit une réputation de chef de cavalerie hardi et compétent tout au début de la Guerre d'indépendance espagnole sous le commandement de sir John Moore. Il remporta plusieurs combats difficiles, dont ceux de Sahagun et de Benavente, alors qu’il couvrait la désastreuse retraite des forces britanniques vers La Corogne. Il participa également à la triste expédition de Walcheren en 1809.
Henry William Paget ne participa pas à la deuxième partie de la guerre de la Péninsule ibérique, menée par le duc de Wellington. En 1815, devenue Comte d’Uxbridge, il le rejoignit cependant à Bruxelles, nommé commandant de sa cavalerie. A la tête de celle-ci, il conduisit, lors de la bataille de Waterloo, la fameuse charge de la cavalerie lourde contre le 1er corps d'infanterie français. Au début de la soirée, Uxbridge reçut un éclat d’obus dans la jambe au-dessus du genou. Il fut évacué du champ de bataille et emmené à Waterloo (au 214, chaussée de Bruxelles) où il dût être amputé.
Lord Uxbridge rentra donc unijambiste en Angleterre où, devenu 1er Marquis d’Anglesey, il poursuivit une carrière politique. Nommé Lord Lieutenant en Irlande en 1828 lors de l’accession du Duc de Wellington au poste de Premier Ministre, il se fit progressivement l’avocat le plus ardent de l’émancipation des catholiques, ce que ceux-ci obtinrent finalement, le 13 avril 1829. En 1846, Wellington, qui était redevenu commandant en chef de l’armée en 1842, le fit nommer Field Marshall, à l'âge de 80 ans.
En 1854, deux ans après Arthur Wellesley, 1er Duc de Wellington, Henry William Paget, 1er marquis d’Anglesey mourait à son tour, à l’âge de 86 ans.