Une série de conflits militaires ont certes frappé l’Europe entre la défaite napoléonienne et la Première Guerre mondiale, mais on ne pense presque jamais à tous ceux qui ont été évités. Si ce qu’on a appelé le « concert européen », mis en place par le Congrès de Vienne et le Traité de Paris de novembre 1815, fut au début dirigé contre la France et contre les mouvements libéraux, il s’est mué au cours des décennies en un système de conférences diplomatiques permettant d’apaiser les tensions avant qu’elles ne dégénèrent. L’Europe a pu ainsi jusqu’en 1914 se transformer profondément dans une paix relative, sans catastrophe majeure.
Le XIXe siècle est ponctué de rencontres où les Européens apprennent à se parler. Faire accepter les limites aux hégémonies, gérer les effets des mouvements révolutionnaires, contrôler au mieux ou au moins mal l’idée d’Etat-nation et l’aspiration à l’unité (Italie, Allemagne) ou à l’indépendance (Grèce, Belgique, Serbie, Roumanie, Bulgarie, etc.), discipliner la compétition coloniale, définir un comportement face à l’effondrement de l’Empire ottoman. Un bilan largement positif, jusqu’à ce que le système s’enraye et qu’éclate l’affrontement généralisé de la Première Guerre mondiale.
C’est cette histoire trop oubliée que Jacques-Alain de Sédouy nous raconte dans cet ouvrage.